état du haut-fourneau vers 1900     Réhabilitation actuelle du haut-fourneau

 

 

plan du site avant construction du premier haut-fourneau en 1819 (attention : 1.2 Mo)

 

Origines de la sidérurgie moderne à Cons

Cons serait le site de 2 anciennes forges de l’époque moderne : donc le plus ancien témoin de la sidérurgie du Pays-Haut. Cet établissement n'était pas très ancien, puisqu’on n’en retrouve pas la trace avant 1806. Un acte du 30 décembre 1807 mentionne en effet : " …mais dés l’année dernière le régisseur de la forge située près dudit Cons la Grandville s’étant permis d’exhausser les écluses… ". Par ailleurs un arpentage des aisances communales dressé le 29 mars 1817, évoque la présence d’une forge sur une rive de la Chiers, au lieu dit le Robinet. En 1819 le sieur Denizet, déjà fondateur et possesseur d'une platinerie à La Grandville, mande et obtient l'autorisation de convertir celle-ci en feu d’affinerie avec marteau - c'est-à-dire en forge - destiné à traiter les fontes à leur sortie du haut fourneau du Dorlon.

Plus tard s'ajouta une sablerie pour, d’après les gueuses produites, alimenter la fabrication des articles en fonte moulée (des taques de cheminées et de la ferronnerie d’art). En 1838, cette petite usine appartenait à Messieurs Picard et Cie, en 1841, à M. d'Estignard.

La forge de Cons, sans avoir eu une grande importance, s'était cependant développée, car, en 1849, elle se composait de deux fourneaux et deux feux d'affinerie.

Vers 1849 le sieur Estignard-Denizet construisit sur l’emplacement des anciennes filatures un 3ème feu d’affinerie et un haut fourneau afin d’étendre sa forge située en aval. Cet investissement n’est, alors pas un hasard, puisque la même année, on commence les travaux de la gare de Longwy. Grâce au chemin de fer, le coke va pouvoir remplacer le charbon de bois. On a donc tout intérêt à construire des usines le long de cette ligne. Ce haut fourneau " neuf ", appelé plus tard " haut fourneau de la station " présente des similitudes avec celui qui est visible aujourd’hui : il fait lui aussi 10 mètres de haut. Mais sa maçonnerie est cubique. Hélas, la construction de la ligne de chemin de fer fut plus longue que prévu. En attendant, le coke vint peut-être de Metz par charrette comme pour le haut fourneau de Moulaine.

En 1857, on voit la forge de Cons exploitée par la Sté des Forges de Herserange et de St-Nicolas (Aubé et Tronchon). A cette époque, elle comprenait deux hauts fourneaux dont un, dit le " Haut fourneau neuf ", situé près de la rivière Chiers, avec leur soufflerie, halles à charbon, deux feux d'affinage, un boccard pour broyer la crasse des fourneaux, une scierie fonctionnant avec une roue hydraulique, maison de maître, bureau, jardin, etc. La société exploitante était en difficultés financières et, en 1860, un seul fourneau était en activité, fournissant 5.050 quintaux métriques de fonte. La Société Aubé et Tronchon, qui faisait fonctionner, avec la forge de Cons, celles de Herserange et de Moulaine, fut en déconfiture en 1861. Les deux dernières usines furent reprises par M. d'Adelsward.

Ce petit établissement de Cons, alors en difficulté, fut racheté en 1863 (l’année même où le chemin de fer arrive à Longwy) par le Marquis de Lambertye qui le remit en route. Il établit alors différents projets signés de sa main. Entre les deux sites de son usine, celui-ci devient bien sûr, plus intéressant car il est juste au pied de la ligne de chemin de fer, à quelques centaine de mètres de la gare. Il va pouvoir alimenter directement ses installations en coke. Une large passerelle de 29 mètres de long, en haut du mur est alors construite. Au centre, caché par des arbustes, on voit un trou rectangulaire ; c’est le point d’ancrage de l’arche d’un pont construit pour charger les deux hauts fourneaux.

D’autre part le Marquis projetta de modifier le briquetage de la cuve et de faire construire des tuyaux de prise de gaz au sommet reliés à un appareil cylindrique et air chaud situé près du haut-fourneau, ancêtre du Cowper. Ces projets ont certainement été réalisés en même temps. Mais surtout le Marquis ingénieur établit les plans de deux nouveaux hauts-fourneaux :

 

Les hauts fourneaux de Cons

 

Les bâtiments de l'usine

 

En même temps que le troisième haut fourneau, le marquis de Lambertye fit construire différents bâtiments. Seul demeure aujourd'hui le mur de clôture, au bord du chemin. A l'entrée il y avait trois bâtiments. Celui du centre semble avoir été rallongé plus tard. Celui de gauche, en bordure du chemin, était un logement. Derrière se trouvaient les deux hauts fourneaux, à l'emplacement de la laiterie, accompagnés de deux petites constructions dans la cour actuelle. En bordure de la Chiers, à l'emplacement du parking, il y avait une grande halle. Le bief passait entre les hauts fourneaux et la halle. La soufflerie était actionnée par une roue Poncelet, ce que l'on a fait de mieux en matière de roue hydraulique.

L'usine a-t-elle fonctionné jusqu'en 1878 ou jusqu'en 1888 ? (date de sa dernière mention dans l'annuaire départemental) ; soit 10 ans de plus que le haut fourneau de la forge, à l'autre bout du village qui fut éteint en 1878. En effet le site de la station était le plus pratique pour recevoir le coke et expédier la fonte par chemin de fer. L'usine du Marquis était peut-être toujours en activité dans les premières années du boum sidérurgique de Longwy, après la création de la société des Aciéries de Longwy en 1880.

Pourquoi l'établissement a t’il alors fermé ? Le comptoir des fontes ne fut créé que dans les années 90. Assurément, l'usine de Cons, bien que située près du chemin de fer, fut concurrencée par les grandes entreprises de Longwy, sociétés anonymes aux capitaux beaucoup plus importants. La société des Aciéries de Longwy construisit alors des convertisseurs pour mettre en œuvre le tout nouveau procédé Thomas. De son côté, le baron d'Huard qui ne produisait que de la fonte comme le marquis de Lambertye, s'associa avec la Société des hauts fourneaux de Maubeuge.

Aujourd'hui le site du dernier haut-fourneau de Cons, est accessible au public, à la sortie du village, en direction de Montigny-sur-Chiers. Restauré, classé Monument Historique, mis en lumière, et lieu d'animations aux fêtes du patrimoine, il demeure un des rares vestiges du passé de la première révolution industrielle dans le Pays-Haut: A voir!


Retour au sommaire